Je faisais les cent pas dans l’appartement. Pleins de sentiments me passaient par la tête en fait. Beaucoup trop. J’étais en colère, triste, déçu et angoissé. Nemo n’était toujours pas rentré à la maison. Depuis qu’elle semblait faire une dépression je l’avais autorisé à sortir. Bien entendu elle devait rentrer à une heureuse raisonnable et ne pas finir saoul. Seulement voilà, il fallait croire qu’aujourd’hui elle avait oublié cette règle.

C’était fait. Je venais de le faire. Je venais de claquer la porte de mon propre appartement et de sortir avec Jaelyn. Je venais de quitter Nemo pour partir avec ma fille. Tout simplement parce que je n’en pouvais plus de ses conneries. Parce que la veille elle était rentrée dans un piteux état, encore plus qu’elle ne l’était davantage. J’y avais réfléchi durant toute la nuit et j’avais pris la décision que ce serait le mieux pour nous. Je restais durant quelques secondes devant cette porte que je venais de claquer. Je me sentais mal. Je sentais qu’il me manquait quelque chose, et c’était vrai, il manquait Nemo. Seulement, je ne pouvais pas revenir en arrière. Elle m’avait supplié de rester mais c’était trop tard. Il fallait qu’elle soit seule. Peut-être que cela la ferait réfléchir. Je l’espérai en tous les cas. J’avais mal quand même. Parce qu’elle me manquait déjà. Ou bien, c’était une accumulation des deux mois perdus. Cela devait être ça. Je n’avais jamais su ce que c’était l’amour, ce que c’était de tomber amoureux. Et maintenant, je venais de découvrir ce que c’était de quitter quelqu’un. Découvrir ce que c’était lorsqu’une relation se terminait et ô combien cela pouvait faire du mal. Les larmes aux yeux, je secouais la tête. Je ne devais pas pleurer. Je ne devais pas le faire devant ma fille parce que tout simplement elle ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas déjà le fait que je l’enlève à sa mère alors, elle n’avait pas besoin d’avoir plus de mal. Je poussais un soupir avant de prendre l’ascenseur pour quitter l’immeuble pour de bon. Et ne plus revenir.

[…]

Le lendemain matin, il était tôt. Même très tôt. Et j’étais le premier à être réveillé. Je me trouvais chez ma petite sœur. En effet, la veille après avoir quitté Nemo j’avais repensé à ses paroles, au fait qu’elle m’avait dit que sa porte serait toujours ouverte. C’était pour cela que j’étais parti chez elle. Puis, je n’avais pas envie d’aller à l’hôtel ou quoique ce soit. J’aurai pu aller chez Zelda oui, mais c’était la sœur de Nemo et pour le moment je ne voulais pas voir Nemo. Je ne savais pas si la jeune femme pourrait aller chez sa sœur alors, je préférai ne pas prendre le risque. Je ne voulais pas l’embêter non plus, bien qu’elle me dirait le contraire. Je lui avais expliqué la situation, ce qui s’était passé. Je lui avais demandé si je pouvais rester chez elle, du moins quelques temps car je ne voulais pas m’imposer. Simplement le temps de trouver une solution. Elle avait acceptée et j’avais passé la nuit chez elle. Enfin, je n’avais pas tellement réussir à dormir en fait. J’avais plutôt passé la nuit à cogiter. Je m’étais aussi levé plusieurs fois pour aller voir ma fille, bien que je savais qu’elle dormait. Je voulais simplement m’assurer qu’elle aille bien. Elle devait aller bien. En tout cas, j’allais tout faire pour qu’elle le soit. Alors, après passé au moins une bonne demi-heure à ses côtés, je retournais dans ma chambre pour me coucher. J’avais probablement dû dormir deux ou trois heures. Je m’étais réveillé et étais partis en direction de la salle de bain. J’avais des cernes, cela n’allait pas échapper. En même temps cela faisait deux jours que je dormais à peine. Je décidais d’aller me faire un café et me poser sur le canapé, sans faire de bruit. Je ne voulais pas réveiller ma sœur, ni ma fille. Je poussais un soupir, m’allongeant sur le canapé. Je fermais quelques instants les yeux. Je me remémorais les divers souvenirs que je pouvais avoir eu avec Nemo. Bon sang, cela faisait deux ans que l’on se connaissait. Cela allait faire deux ans en tout cas. Une rencontre banale à la plage alors que j’avais failli me prendre une planche en pleine figure et que j’avais commencé à draguer la jeune femme. Il s’en était passé des choses depuis ce jour-là. J’avais appris qu’elle était fiancée et qui plus est à mon meilleur ami. Il y avait eu cette soirée d’halloween assez bizarre, ce baiser et tant d’autres choses. Puis, nous avions commencés à coucher ensemble et tout s’était enchaîné très vite. Elle était partie, revenue, on avait couché ensemble et elle était tombée enceinte et m’avait avoué m’aimer. Si on m’avait dit qu’on en serait arrivé là aujourd’hui, alors j’aurais probablement ri au nez de cette personne. Je ne l’aurai jamais cru en tout cas. Je passais une main dans la poche de mon pantalon, ne l’ayant pas retiré pour dormir. J’en sortais alors un écrin noir que j’ouvrais. Je soupirai à la vue de cette bague que je comptais lui donner. Non, jamais je n’aurai pensé qu’on en serait arrivé là.

Un mois et plus que cela. Voilà depuis quand Spencer était morte. J’avais quitté le boulot assez tôt et me trouvais chez moi depuis quelques temps maintenant. J’étais allongé sur mon lit, réfléchissant à diverses choses. En réalité, je pensais à Daenerys comme la plupart de mon temps même si j’essayais de ne pas y penser. C’était plus fort que moi. La mort de sa sœur nous avait tout de même rapprochés. J’avais passé plus de temps avec la jeune femme, je l’avais surtout aidé. J’avais tenté d’être là pour elle autant qu’elle avait besoin de moi. J’avais essayé de me montrer présent. Je connaissais Spencer alors, je l’avais aidé avec la paperasse, l’enterrement et toutes ces petites choses. Je ne sais pas si cela l’aidait ou même ce que ça représentait pour elle mais je m’en fichais. J’avais promis que je serai là, de ne pas la laisser tomber. Seulement voilà, aujourd’hui quelque chose me trottait en tête. Cela faisait maintenant plusieurs jours que j’avais vu Angus avec.. un autre homme. Ils avaient même été plutôt proches et ça m’avait plutôt choqué. Pas parce qu’il s’agissait de deux hommes. Je n’avais rien contre les personnes homosexuelles. Non, juste parce que ça avait été Angus. J’avais pourtant bien regardé, voir si je ne me trompais pas mais c’était bel et bien lui. De plus, je connaissais l’autre personne avec qui il était et ils avaient l’air de réellement bien se connaître. Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais même pas si je devais en parler à Daenerys. Elle n’avait pas besoin de cela et en même temps, je ne pouvais pas la laisser se marier avec un homme qui la trompait. D’accords, je ne voulais pas qu’elle se marie tout court. Elle devait s’en douter en vue de mes sentiments.

Finalement, après avoir passé encore quelques minutes à réfléchir sur mon lit j’avais décidé. Je devais aller lui dire. Peu importe, je l’aurai fait et je me sentirai probablement beaucoup mieux après cela. A mon avis elle ne devait pas avoir la tête à penser au mariage mais c’était important qu’elle sache. Ensuite, elle ferait ce qu’elle voudrait.. De toute manière, elle faisait ce qu’elle voulait. Je passais par la salle de bain pour me rafraîchir le visage. J’attrapais mes clés de voiture et me dirigeais en direction de chez la jeune femme. Je savais où elle vivait car j’avais déjà dû y aller quand elle avait eu besoin. Je sonnais donc à la porte, espérant ne pas déranger. J’espérai aussi qu’Angus ne serait pas là d’un côté. Au bout de quelques secondes, elle m’ouvrait et semblait surprise de me voir. En même temps, je n’avais pas prévenu de mon arrivée alors je pouvais comprendre. « Je veux bien entrer oui. » lui dis-je alors qu’elle s’écartait pour me laisser le passage. Après tout, je devais lui parler et c’était mieux de le faire à l’intérieur. « Tout vas bien pour moi ne t’en fais pas. A vrai dire je venais prendre de tes nouvelles directement enfin.. j’espère que je ne te dérange pas ? » Elle avait l’air si surprise de me voir qu’on ne savait jamais. Elle aurait très bien pu être occupée quoique, elle ne m’aurait pas fait entrer. Je devais cesser de réfléchir. « Et puis.. je dois te parler de quelque chose. » Je n’avais pas de manière plus inquiétante ou stressante de dire les choses. Absolument pas.